"Antibalas, groupe melting-potes de Brooklyn, en tournée en France. Du chanteur nigérian, ils ont hérité l'énergie afro-beat et les paroles engagées" (Eliane Azoulay, Télérama) Collectif basé à New-York, Antibalas (qui signifie "pare-balles" en espagnol) Afrobeat est composé de 14 membres permanents augmentés à l'occasion de divers invités : vingt Blacks, Blancs et Latinos de Brooklyn, qui clonent avec talent l'afro-beat rageur et félin du Nigérian défunt Fela Anikulapo Kuti.
Pour ceux qui l'ignorent encore, l'afrobeat est un cocktail explosif de jazz, de funk et de rythmes africains, où s'entrechoquent esprit festif et considérations politiques. Avec une solide section de cuivres, un gang de percussionnistes experts, une rythmique funky et des textes chantés en anglais, espagnol et yoruba, Antibalas Afrobeat possède la puissance de feu d'un croiseur prêt à donner un nouveau souffle torride à l'afrobeat.
Martin Perna, saxophoniste baryton, a fondé sa troupe multi-ethnique en 1998, après avoir été subjugué par un sample de Fela entendu sur un morceau de rap. Il prend au mot la prédiction du Black President : w La musique sera l'arme du futur." Je n'avais ni argent ni expérience des musiques nigérianes, mais de l'énergie et de l'enthousiasme à revendre", explique-t-il . Martin Perna recherche ainsi des musiciens susceptibles de "devenir la voix de ceux qui n'ont pas de voix, en particulier les nouveaux immigrants pakistanais ou mexicains". Sous un déluge de cuivres funk, nourris à l'occasion de salsa et de tambours de transe, le groupe prendra son envol au fil de concerts hebdomadaires. En 2002, une prestation remarquée sur une grande scène de Chicago ouvrira la voie aux grands festivals mondiaux (Montréal, Montreux, Newport). Trois ans plus tard, Antibalas Afrobeat signe son premier album, Liberation Afrobeat Vol. 1, sur le label britannique Ninja Tune. Lors d'un festival au Canada, le groupe rencontre Femi Kuti, le digne héritier de son père, avant d'apparaître sur la compilation Red, Hot & Riot en hommage à Fela afin de récolter des fonds pour la lutte contre le Sida en Afrique. Dès l'année suivante, le collectif sort un nouveau travail, Talkatif. Tout en multipliant les tournées au Canada, aux États-Unis et en Europe, Antibalas Afrobeat continue de mettre le feu dans les clubs de New-York qui reste sa base arrière pour la préparation de ses attaques afro-funky.
Pour leur troisième opus, Who Is This America ?, le premier depuis leur départ de chez Ninja Tune, l'Antibalas Afrobeat Orchestra redonne un sens à cette musique qui, peu à peu, s'était muée en simple rythme endiablé, fort plaisant par ailleurs. On retrouve alors toute la dimension qu'avait su lui donner, en son temps, Fela: un engagement politique de chaque instant le tout enveloppé dans une ambiance quasi mystique… Envoûtant ! Pour arriver à repositionner ce genre musical, les treize membres du groupe choisissent la lutte tiersmondiste (pas l'insulte, le combat…) et, inévitablement, la critique de l'arrogance occidentale. Mais il s'agit alors d'une critique interne puisque tous viennent de Brooklyn, comme leur son ne nous l'indique pourtant pas.
De la politique américaine ("Who is this America dem Speak of Today ?") à la mort à "petit feu" du continent noir ("Pay Back Africa") en passant par la défense d'une certaine forme de féminisme ("Sister"), l'Antibalas prend position et ne néglige pour autant pas la qualité des beats, la richesse des cuivres, ou la puissance de la basse…
6 fiches