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D'une moyenne d'âge de trente ans, les membres de Lindigo regardent donc obstinément le passé. Pour autant, leur démarche ne s'enferme ni dans la nostalgie, ni dans les carcans d'une mémoire stérile. Les fondations servent l'élan, et les racines construisent l'avenir. Leur devise ? "Quand tu sais d'où tu viens, tu sais où tu vas". Sûrement la raison pour laquelle Lindigo parle aussi bien aux jeunes générations. Aujourd'hui, Olivier et sa bande restent, avec plus de 500 concerts et trois albums à leur actif, l'un des groupes les plus populaires de l'île : ventes de disque au beau fixe, passages en radio, en clubs... Et lorsqu'ils débarquent sur les planches, leur transe jubilatoire, aussi identitaire qu'ouverte sur de nouveaux horizons, contamine inexorablement le public, tous âges confondus.
Aujourd'hui, le groupe s'apprête à ouvrir son quatrième volet : celui du "maloya power". "Pour moi, le maloya, c'est un art de vivre au quotidien", raconte Olivier. Dans ce nouveau disque, ils visent une fois encore l'horizon du passé, rappellent l'interdiction qu'a subi le style jusque dans les années 1980 à La Réunion, poussent un coup de gueule, sans toutefois jamais se départir de leur bonne humeur. Comme son idole Fela Kuti, Olivier lance ses revendications sur un mode 100% groove. Sa marque de fabrique reste alors ce "maloya joyeux", ce "maloya 20 ans", loin de tout passéisme, de tout misérabilisme. Piste à piste, ils déroulent une explosion des sens, de transe, un feu d'artifice de bonnes vibes (du titre Bal Gayar à l'irrésistible Domoun), avec en background ce désir d'éveiller les consciences. Lindigo a grandi. De deux voyages au Brésil, ce "cousin musical", résultent des influences lisibles dans le titre Beleza. Et puis, il y a aussi la collaboration avec la compagnie de danse sud-africaine Via Kathlehong (Umqombothi Kabar) : "Ce travail m'a appris à structurer ma musique, à mettre des limites", explique Olivier. "Le maloya, ça tourne, ça tourne...avec les danseurs, tu es obligé de compter". Enfin, les influences africaines avec le kamale n'goni, et le balafon viennent aussi affleurer. Réalisé par Fixi, le trublion déjanté du groupe Java, qui débride son accordéon à l'envie, avec la présence sur le titre Lamour du génial Loy Ehrlich, ce disque marque donc une nouvelle étape pour Lindigo. "C'est frais, ça respire, on a évolué", se réjouit Olivier. "Mais on n'en est encore qu'à la mi-temps". A l'écoute de ce disque inventif, on devine que la route est longue : un chemin enraciné, sur un socle solide, mais qui peut mener très, très loin.
Musiciens :
Harry Araste : chant lead, kabosy, accordéon
Aldo Araste : piker, clave, chœurs
Jean Frédéric Madia : djembe, ngoni,chœurs
Jean Guillaume Imare : kayamb, balafon, flûte
Lauriane Marceline : chœurs, kayamb
Mickael Pothin : piker, doumdoum, chœurs
Valéry Servan : roulèr, chœurs
Pascal Mariama Moutin : charley, sati, chœurs
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